En 2020, le contexte sanitaire n’a pas permis à TIGE de créer une nouvelle édition. Certains membres de l’équipe de TIGE sont partis tandis que d’autres sont arrivés…
Notre événement Land Art en partenariat avec la Ville de Montreuil est revenu en 2021, et une nouvelle stagiaire talentueuse, Thaïs Moreau, nous a rejoints durant toute la durée de l’événement.
12 artistes ont été sélectionnés pour cette nouvelle édition.
Hélène Barrier – Bruno Bouchard et Benloÿ – Manon Cadoux – Cécilia Delestre – Elsa Falières – Collectif BCBH – Collectif MBZC – Juan Fantôme- Eugénia Reznik – Studio Loka – Bruno Roy – Claire Sauvage
Ont également participé à cette 2ème edition :
Stagiaire : Thaïs Moreau
Graphiste : Stayreo
Photographe – vidéos artistes : Antoine Basile
En 2021, TIGE a bénéficié d’une subvention, pour la programmation d’ateliers donnés par les artistes, à destination des quartiers de la politique de la ville. Pendant toute la durée de l’événement, TIGE a organisé des visites gratuites lors des week-end. Cette nouvelle édition 2021 a permis à TIGE de mieux faire connaître à tou.te.s, le Land Art, le festival et les Murs à Pêches.
Inspiré par la capacité de la nature et à reprendre ses droits face à la mainmise humaine, la pollution ou la transformation du site des Murs à Pêches au fil de son histoire, Nature en mutation montre
qu’au contraire, elle repousse, recouvre, s’adapte, et mute.
Afin d’illustrer sa réflexion sur cette mutation, Juan Fantôme peint sur les murs du Jardin des Couleurs pour représenter la nature modifiée par les interventions humaines, mais qui se réapproprie l’espace. À la fois inquiétante et rassurante mais toujours présente, cette nature mutante
se propage de murs en murs. Juan Fantôme intervient à l’aide de médiums bruts non polluants : fusains noirs, blanc de Meudon (peinture à la craie originaire des carrières parisiennes) dans le but de créer du lien avec le plâtre utilisé pour la restauration des murs. Le choix du noir et blanc permet à l’œuvre de mieux se fondre dans son environnement, de créer des jeux d’ombres, d’évoquer l’érosion du temps. Il utilise également de l’acrylique et des aérosols sans solvants afin de donner naissance à une vision d’une
végétation surréaliste. Juan Fantôme souhaite vous interroger sur notre constante évolution et interaction avec la nature, qui semble perpétuellement se détruire et disparaître mais ne cesse de prouver sa force continuellement.
Instagram : @juan_fantome
L’oeuvre d’Eugenia Reznik est une réflexion sur les relations entre la migration des végétaux et les personnes. À travers des témoignages sur les plantes déplacées, l’artiste interroge les liens que les personnes déracinées gardent avec les lieux qu’elles ont quittés. Ce sujet de recherche et de création prend source dans sa propre expérience de migrante : née en Ukraine, elle a immigré en France, puis au Canada, aux États-Unis, et de nouveau en France. Pour aborder le déracinement des personnes, Eugénia Reznik récolte des témoignages sonores sur les plantes que les personnes ont transportées avec elles ou qu’elles n’ont pas pu transporter, puis elle les transpose en œuvres installatives. À plusieurs endroits des murs à pêches, des valises remplies de terre contiennent une plante venue d’ailleurs ou prête à partir. Des étiquettes contenant un code QR, telles que celles pour les valises à l’aéroport, donnent accès au récit de voyage de la plante. Pendant toute la durée de l’évènement, l’artiste récoltera les témoignages des visiteurs pour faire évoluer cette installation participative. Vous avez une histoire de plante déplacée à raconter ? Contactez Eugénia Reznik sur le compte : eugenia.landart2021@gmail.com
Site : www.eugeniareznik.com
Instagram : reznik_eugenia
Au cours de temps de veille au jardin, en introspection, Claire Sauvage crée des poèmes dans l’esprit du haïku. Elle récolte l’argile sur place, puis elle sème les mots dans la terre, comme des graines : une Germination des mots. Les murs, véritables parchemins verticaux, révèlent et protègent alors l’éclosion des confidences et des résonances du lieu. Sous la terre des jardins des Murs à Pêches de Montreuil, dorment, depuis plus de 150 millions d’années, de nombreuses strates de limon calcaire appelé marne. Du gris-bleu au vert-amande, de l’ocre jaune au brun, c’est l’oxyde de fer qui leur offre ses différentes teintes. L’argile, notre vieille parenté, est une terre d’accueil. Dans cette glaise s’enracinent des plantes et des arbres. Chaque été, réchauffés par les murs, les pêchers donnent naissance à des fruits. Une véritable germination. Auteure-plasticienne, Claire Sauvage développe sa pratique artistique en prenant le temps de ressentir, d’éprouver les espaces où elle exerce. Elle fait résonner dans ses œuvres ses expériences
et le murmure de ce qui l’entoure. L’archaïque, les fulgurances, les impressions directes animent ses créations. Ses recherches tendent ainsi à saluer un espace relationnel entre toutes les parcelles du vivant. Ses œuvres sont une invitation à se relier et à se revivifier dans l’infinie complexité du
monde.
Instagram : @manoncadoux.p
L’entrée souligne l’orientation parallèle particulière des Murs à Pêche et les espaces d’entre-deux que ceux-ci créent à différentes échelles sur le territoire. L’installation sur la parcelle des Fruits Défendus s’implante perpendiculairement sur le linéaire d’un mur d’origine. Elle se présente sous la forme d’armatures en bois peint : cadre multiple où le visiteur observe à distance l’ensemble puis traverse cette « entrée ». La perspective créée par la succession de cadres révèle la faible distance de mur à mur. La couleur
blanche accentue la visibilité de l’œuvre et devient le rappel du plâtre de ces murs. Il s’en dégage une interaction entre la végétation spontanée du site et les natures successives constitutives des Murs à Pêche. La distance vis-à-vis de l’œuvre et les traversées possibles participent également du
processus de fabrication de l’œuvre. L’installation peut exister grâce à l’érosion des murs au fil des intempéries et du temps : elle vient
souligner ce vide et rend hommage au site.
Instagram : @carcalymax, @zacharie_chauvet, @bertrandcoquin
Seconde Peau se concentre autour d’un passage entre deux parcelles, dans la brèche d’un mur, et est riche en signification. Ce cadrage particulier se révèle comme une ouverture, une porte d’entrée, tout en reprenant le tracé et l’histoire du mur. Suivant les cassures que le mur a subi au fil du temps,
les artistes cherchent véritablement à épouser le tracé du mur.
Ils souhaitent également créer une interface et ainsi d’intensifier la relation entre deux lieux : le jardin des couleurs et la parcelle des fruits défendus en l’occurrence, et invitent de cette manière à traverser. Œuvre hommage à l’histoire des Murs à Pêches, la matérialité du mur est le témoin du passage du temps s’inscrivant à la fois dans la présence et dans l’absence, les restes du mur, et ses parties brisées. À cet hommage s’ajoute un désir de reconstruction que les artistes combinent par la brèche du mur et la recherche d’intensification afin de recréer du lien. Une peau végétale, organique et vivante reprenant les singularités des Murs à Pêches vient faire
office de protection et offre une plus grande intimité au lieu, en alliant épaisseur et matérialité. À vocation participative, Seconde Peau et le mur ne faisant qu’un, permet à la nature et aux visiteurs de se l’approprier à leur manière, se positionnant comme lien entre eux et offrant la possibilité d’une rencontre.
À Montreuil, des quartiers se choquent. Des entrepôts, des squats, des zones industrielles, des friches et des jardins forment un labyrinthe urbain. La proposition de Bruno Roy est de créer un dialogue et du lien entre ces quartiers avoisinants. En collant ces images sur les murs de sa ville, il
change leurs rôle de barrière pour celui de passage développeur de richesse. Il capte en argentique des mouvements de vie qui mène à ces jardins et construit des assemblages et créer du dialogue là ou tout s’oppose. En effet, l’artiste propose des lectures de cette anarchie bétonnée et tente d’y
trouver des chemins. Apparaissent ainsi des ponts visuels ; comme zones d’échanges. Le noir et blanc de mes images assume une volonté de distance avec le zapping/scrolling qui tient nos regards. L’artiste construit ses images en sur-imprimant des vues pour une mise en volume, en mouvement.
Il mélange des plans frontaux à d’autres hors champ pour inventer des paysages. Ces instantanés noir et blanc montrent qu’en utilisant le langage de la transparence et du bouillonnement, les Murs à Pêches ne ferment pas mais au contraire peuvent ouvrir.
« Si « les murs ont des oreilles », alors quelles histoires les Murs à Pêches pourraient bien nous transmettre… ou encore recueillir ? Comme autant de cailloux de Petit Poucet, ces oreilles en terre mêlée à celle de Montreuil, glissées dans les murs, font échos à ces histoires cachées et invitent à la confidence. Intrigantes pour certains… mais si d’autres leur murmurent des mots doux, c’est que ces oreilles auront pour eux un caractère bienveillant voire qu’elles disposeront d’un pouvoir magique et délicieux… ne parle-t-on pas d’oreillon de pêche ?! » Art, nature et culture sont au cœur de la pratique de ce duo de créatrices d’images, d’objets et d’espaces. Composée de modelages d’oreilles, cette œuvre évoque des significations multiples, entre croyances et culture populaire. Au-delà de leur simple fonctionnalité, les artistes nous invitent à percevoir les murs comme porteurs et vecteurs de messages, véritable métaphores de ce que les Murs à Pêches ont à nous raconter de leur histoire.
Underwater Garlands prend pour inspiration un exemple d’architecture animale : les œufs de pieuvres accrochés en grappes arachnéennes dans les grottes sous-marine, envahissant l’espace d’une géomorphie sensuelle et très organique. La laine brute crochetée devient extension tissulaire, évoquant la prolifération progressive d’un mur, légère et dense, une forme de soft power qui altère sans détruire. Tissu de champs, de trajectoires, de variation, l’installation n’est pas seulement une structure, mais
un ensemble de forces constamment exercées pour rendre leur présence manifeste, qui s’intègre au paysage, à son architecture, son équilibre.
L’enjeu est de provoquer le dialogue, et d’aborder ce qui questionne la confrontation entre le naturel et l’artificiel, la relation entre l’œuvre d’art et la nature. En partant de l’observation de systèmes vivants, elle prend conscience et veux amener à faire prendre conscience que nous ne sommes pas seuls sur terre et qu’il est possible d’intégrer ces observations dans un geste artistique pour le restituer de manière sensible. Elle rappelle aussi la fragilité et l’éphémère du végétal, et notre désir, aujourd’hui, de préserver et protéger la nature, enjeu économique, politique, et surtout, enjeu vital.
Site : www.ceciliadeslestre.com
Branches de bois, peinture écologique aux pigments naturels, papier de fibres organiques Sous les bois souterrains est une cartographie poétique afin de révéler la présence du ru Gobetue, petit ruisseau presque invisible traversant les différentes parcelles des Murs à Pêches, mise en place dans le respect de la faune et de la flore du site. S’inscrivant pleinement dans l’histoire des Murs à Pêches, l’œuvre du duo d’artistes Studio LOKA rend hommage dans un but mémoriel du passé riche du site en rappelant de cette manière sa présence presque secrète, et évoquant ainsi une forme de métaphysique. Composée de branches de bois récupérées sur le site, l’œuvre dévoile de manière sensible la connexion intrinsèque entre l’eau et la terre. Les têtes des branches recouvertes d’une peinture écologique aux pigments naturels de couleurs jaune évoquent lumière et spiritualité. Les artistes s’inspirent de la forme du cours d’eau des cartes anciennes du site des Murs à Pêches. Cette œuvre met en valeur ainsi, par le biais d’une mémoire souterraine, l’histoire, les liens entre le passé et le présent, des personnes qui y ont vécues et qui y vivent actuellement, comme un témoin du temps qui passe et s’ouvre vers l’avenir.
Tiges végétales, cordelette, drap, papier, sculpture en bois, pigments et liants biosourcés, terre Iwa est une oeuvre sur l’invisibilité et l’incarnation faisant référence aux esprits vaudous, également appelés les « invisibles », incarnations des divinités. Cette sculpture végétale et organique, est par essence évolutive, véritable silhouette fantomatique, elle dévoile au fil de la défection des matériaux une autre forme de sculpture, de bois, peinte et
décorée avec des pigments naturels. Cette oeuvre s’appuie sur la sacralisation d’un territoire habité par des présences humaines et non humaines. Cette sacralisation s’opère par l’identification d’un lieu où les non humains sont matérialisés par l’installation. La pièce se dévoile au regard et trouble par sa matérialité complexe, à l’image de la faune et de la
flore qui se métamorphosent au fil des saisons tout en changeant de pelage ou en apparaissant et disparaissant à la surface de la terre. Ces invisibles ne se matérialisent à nos yeux qu’en des « moments calendaires ». La pièce s’incarne au fil du temps et des intempéries qui la transforment.
Notre Gloriette est ouverte aux visiteurs, on peut y entrer, se poser un instant dans son cocon
végétal, regarder le ciel aux travers de la multitude de fleurs et de feuilles, de mots, de couleurs et
de sensations, de miroitements, d’échos… « Voilà notre lucarne à rêves ! »
Http://www.benloy-photographe.com
Site : www.ceciliadeslestre.com
Bougeuse : Sarah Bertholon
Musique : Sonia Virly
Performance conçue en espace et en couleur : Cécilia Delestre